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Tradition à Madagascar

Rituels de Possession et Exorcisme

Rituels de Possession et Exorcisme

    A Madagascar, l’interprétation des moindres événements du quotidien à travers le rêve, le sacrifice et la possession assure un dialogue constant entre les défunts et leurs descendants.

    Les phénomènes de possession, connus sous le nom générique de Tromba, ont toujours occupé une place primordiales dans les institutions royales, les rituels thérapeutiques et certaines cérémonies lignagères.

     Ce terme d’origine sakalava désigne à la fois l’état de possession, le rituel d’invocation, l’esprit invoqué et le sujet qu’il habite. C’est un adorcisme ( possession bénéfique ). On consulte un esprit pour lui soumettre un problème individuel ou collectif…

    En revanche, le Bilo ( terme d’origine betsileo ) est un rituel d’exorcisme : il s’agit de guérir un malade en le débarrassant de l’esprit qui l’habite.

    Possession et Royauté

    Les esprits possesseurs sont le plus souvent des ancêtres divinisés, généralement de sang royal – dont on peut tracer la généalogie. La possession des roturiers par les esprits des rois défunts constituait jadis l’un des instruments les plus efficaces du pouvoir.
    Ces rituels prenaient un éclat particulier au cours de certaines fêtes « dynastiques » – comme le Fitampoha en pays Sakalava.

    Ces institutions ont connus un déclin relatif avec la disparition des royautés à la fin du XIXè siècle.

    Regain du « Tromba » et Crise de Société

    Malgré l’importance des mouvements de christianisation et l’effondrement des anciens systèmes politiques, les cultes de possession se sont maintenus. On assiste même à la multiplication des « confréries », ou familles de possédés, qu’une clientèle nombreuse, recrutée dans tous les milieux sociaux, vient consulter pour les problèmes les plus divers.

    Regain du « Tromba » et Crise de Société

    Devant la rupture des anciens équilibres économiques, l’éclatement des organisations lignagères et l’affaiblissement consécutif des solidarités et des valeurs religieuses traditionnelles, chaque confrérie apparaît comme un nouveau lieu de parole, d’entraide et de convivialité. Dans sa quête d’un avenir meilleur pour lui et les siens, chacun oscille bien souvent entre ces communautés et les églises chrétiennes.

    Rituel du « Tromba »

    La cérémonie, entourée de maints fady” ( interdits ), dure d’une demi-heure à plusieurs jours, selon le problème traité. On fait des offrandes à l’esprit invoqué, selon sa personnalité ( tissu, bouteille de rhum, argent ). On l’appelle par des chants et des battements de mains. L’esprit se manifeste et dispense ses conseils par la voix du possédé qui, après la séance, est censé ne se souvenir de rien.

    Rituel du « Bilo »

    Un malade épuisé, mélancolique, voire désespéré et rongé par mal qui résiste à tout traitement est censé être habité par un esprit malfaisant. Les ancêtres du lignage manifesteront en rêve à l’un de ses parents et le malade sera déclaré “bilo” ( en grand danger ). Pour le sauver il faut “l’élever” au rang des ancêtres en le juchant sur une estrade fabriquée pour l’occasion.

    Expulser le Mal

    Le “bilo” choisit un bœuf dans le troupeau lignager, gage de l’affection de ses ancêtres et garantie de sa survie, qui restera son compagnon pour la vie. On confectionne alors une statuette, image du “bilo”, sur laquelle sera transféré le mal qui l’habite avant de l’abandonner au fil d’une rivière.

    L’Affection pour Guérir

    Le rituel du bilo, qui dure une semaine, réunit toute la famille. Le malade danse jour après jour au son d’un accordéon ou d’une cithare, d’un tambour et de chants des femmes. Il est honoré et fêté tel un prince. Il ne doit rien faire, chacun est à son service.

    Rituel du Sud de Madagascar

    Rituel du Sud de Madagascar

    Guérison et Restauration de l’Ordre

    Le dernier jour un bœuf est sacrifié aux ancêtres et son foie cuit offert au “bilo” installé sur l’estrade. Il en mange une partie et distribue le reste aux membres de sa famille assemblée à ses pieds comme les vivants aux pieds de leurs défunts parents au moment de la prière.

    La famille s’est réunie autour du “bilo”, les ancêtres ont été honorés. Parce que les règles sociales ont été réaffirmées, la maladie du “bilo” – expression des tensions qui troublaient le lignage – s’est dissipée et l’équilibre du groupe est restauré.