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Art de vivre

Exploration et découverte de Madadagascar par des Ecrivains

Etienne de Flacourt (1607-1660) dirige l’établissement français de Fort–Dauphin de 1648 à 1655.

S’il a échoué dans sa mission commerciale, il a laissé plusieurs ouvrages dont un Dictionnaire de la langue de Madagascar et une Histoire de la Grande Île Madagascar, très documentée et richement illustrée.

Voilà l’une des premières pages de cette véritable somme présentant le sud–est de l’île, sa faune et sa flore, l’histoire et les coutumes de ses populations

Etienne de Flacourt
Etienne de Flacourt (1607-1660)

Il y a grande quantité d’animaux

« L’île Saint-Laurent » est par les géographes nommée Madagascar, par les habitants du pays Madécasse, par Ptolomée Memuthias, par Pline Cerné, par l’auteur de la Géographie nubienne, par les Perses et les Arabes Sanrandib. Mais son vrai nom est Madécasse […].

Cette île est une des plus grandes qu’il y ait au monde, remplie de montagnes fertiles en bois, pâturages et plantations et de campagnes arrosées de rivières et d’étangs poissonneux, elle nourrit un nombre infini de bœufs bien différents de ceux de l’Europe, ayant tous sur les dos une certaine bosse de graisse en forme de loupe.

Ce qui a fait dire à quelques auteurs qu’elle nourrissait des chameaux […].

Elle nourrit des moutons à grosse queue […], ces moutons ont la laine comme le poil des chèvres. Il y a aussi quantité de beaux cabris domestiqués ; quantité de volailles et pintades, que l’on nomme en France poules de Guinée, domestiques et sauvages.

Il y a peu de bêtes dommageables à homme et au bétail. Il y a des Sangliers dans les bois, différents de ceux de l’Europe et moins dangereux. Ils sont fort hideux à voir ayant deux cornes sous les deux yeux, lesquelles sont couvertes de peau et n’excèdent pas un pouce de hauteur […].

Palais de la Reine

Il y a grande quantité d’animaux, d’oiseaux et de poissons que je décrirai ci-après, chacun en son lieu comme aussi beaucoup de plantes et de raretés.

Lorrain Alfred Grandidier (1836-1921) sillonna l’île entre 1864 et 1875, se faisant tour à tour naturaliste, géographe, ethnologue, historien et chroniqueur.

De retour en France, il consacra le restant de ses jours à une monumentale Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar – œuvre encyclopédique que devait poursuivre son fils Guillaume (1873–1957). C’est en 1868, alors qu’il collectait des spécimens de la flore et de la faune malgaches, qu’Alfred Grandidier découvrit deux animaux subfossiles encore inconnus des scientifiques.

Alfred Grandidier
Lorrain Alfred Grandidier (1836-1921)

L’Oiseau Rock

Ambohisatranà, je fis halte pour cuire mon déjeuner et je reçus la visite du chef de l’endroit avec lequel je m’entretiens des productions et surtout des animaux du pays […] notamment du song’aomby (litt. ” qui est semblable à un bœuf “) et comme je lui demandais des renseignements sur cet animal […], me montrant une mare située auprès de ma halte, il me dit qu’il y en avait là des ossements.

Palais d'argent

Sur ce renseignement, je me suis empressé d’y aller et, […] me baissant, je tâtai le fond où, sentant un gros objet, je le pris et, l’avant lavé, je vis avec surprise et joie que c’était un os gros comme ma cuisse, os qui était le fémur, l’os de la cuisse d’un oiseau ; cet oiseau avait malheureusement dû être énorme, comme le fameux rock des Mille et Une Nuits.

Enthousiasmé, je rentrai dans l’eau, et, avec quelques-uns de mes hommes nous nous mîmes à fouiller la boue qui tapissait le fond de cette mare, et j’en retirai plusieurs autres os de l’oiseaux colossal, de l’Aepyornis, qu’on ne connaissait encore que par ses œufs d’une capacité de huit litres et quelques débris indéterminables […] ; avec ces os, s’en trouvaient de nombreux autres qui appartenaient à une espèces encore inconnue d’hippopotame que j’ai dénomée Hippopotamus lemerlei en l’honneur de notre factotum de Tuléar, et à d’autres animaux nouveaux et intéressants.

James Sibree, Madagascar et ses Habitants
James Sibree (1836-1929)

Le Britannique James Sibree (1836-1929) débarque à Toamasina ( Tamatave ) en 1863.

Il va travailler quatre  ans à Antananarivo, en qualité d’architecte des Églises évangéliques, et effectuera plusieurs autres séjours dans la Grande Île.

Dans Madagascar et ses habitants, à la fois journal de voyages et œuvre de compilation, il restitue ses premières impressions du pays.

De la Côte aux Hautes Terres

Mercredi 7 octobre – Nous fûmes debout de bonne heure, et quittâmes nos quartiers à six heures, par une matinée splendide. Il nous fallut derechef gravir des collines, descendre des vallées, passer de nombreux cours d’eau, avec cette seule différence que les collines devenaient plus hautes et plus escarpées, le chemin plus difficile […].

Nous rencontrâmes en route un grand nombre de maromitas portant des volailles, du manioc, des pommes de terres, du riz, et autres produits de l’intérieur à destination de la côte. La plupart de ces articles sont transportés à Tamatave ou dans quelque autre port, en sorte que les navires de commerce peuvent s’approvisionner abondamment et à très bon marché.

Les volailles se transportent dans des cages tressées avec des baguettes de bambou ou d’autre bois léger. Nous dépassâmes aussi plusieurs individus chargés de produits européens pour la capitale, tels que poteries à bas prix, ustensiles de cuisine en fer, et une grande variété d’autres articles.

D’autres portaient du sel, d’autres des paniers d’osier remplis de fibres brutes du palmier raphia, qui croit en si grande abondance sur la côte ; on l’expédie à Tananarive et sur d’autres points de l’intérieur, pour servir à confectionner des tissus.
Ces hommes étaient quelques fois isolés, ou marchant deux ou trois ensemble, mais le plus souvent ils voyageaient par groupes de dix, vingt et trente. […] Les heures chaudes de la journée se passèrent en ascensions continuelles, et nous nous trouvâmes enfin à une élévation considérable au-dessus de la mer.

[…] En parcourant cette région, je ne pus qu’être frappé de la richesse du pays, et des ressources immenses qu’il offrirait à la production s’il était convenablement exploité par la culture.

Les collines fourniraient des pâturages pour des millions des têtes de bétail ; dans les vallées, le sucre, le riz et le café croîtraient en quantité suffisante pour la consommation de tout l’Empire britannique ; quant à la côte, elle se prêterait admirablement à la culture du coton.

Le pays est riche également en produits minéraux, en cuivre, en fer, et probablement aussi en charbon dans la partie septentrionale.