Mettant à profit l’exceptionnelle richesse de la flore insulaire (200 familles de plantes représentées sur les 400 inventoriées dans le monde, 12 000 espèces à fleurs dont 9 000 endémiques), les Malgaches ont appris à connaître, au fil des siècles, les propriétés curatives de maintes plantes.
Les devins-guérisseurs sont les principaux dépositaires de ce savoir ancestral, souvent transmis oralement.
De nos jours, des espèces endémiques sont exportées dans le monde entier et entrent dans la préparation de médicaments élaborés.
Chacun connaît les remèdes aux maladies courantes et peut se fournir en simples sur les marchés.
Toutefois, une part importante de la population malgache recourt plus volontiers à la phytothérapie traditionnelle, moins coûteuse que les produits de synthèse importés.
Catharanthus Roseus (Vonenina, befala, tonga)
Consommée en tisane, la pervenche rose de Madagascar combat la neurasthénie. Ses feuilles aident à supporter la fatigue et la faim et ses racines ont un pouvoir hypotenseur. Cette apocynacée endémique est utilisée dans le monde entier en traitement de la leucémie infantile et en chimiothérapie des cancers.
Centella Asiatica (Talapetraka)
Les Malgaches connaissent de longue date le grand pouvoir cicatrisant de cette ombellifère.
Sa molécule active, le Madécassol, a été isolée en 1942 par Pierre Boiteau, ingénieur en agronomie tropicale, et le professeur Albert Rakoto Ratsimamanga, cofondateurs de l’Institut Malgache de Recherches Appliquées (IMRA).
Aphloia theæformis (voafotsy)
Les Malgaches consomment ses feuilles en tisane à longueur de journée pour combattre les séquelles du paludisme.
Harungana Madagascariensis (harongana, fohatra)
La gomme colorée qu’exsude cet arbre entre dans la préparation d’un onguent contre la gale. Les feuilles sont exploitées en pharmacie pour stimuler les fonctions digestives, apaiser les douleurs intestinales et gastriques.
Eugenia Jambolana (rotra)
Le jamblon est une myrtacée originaire d’Asie. Ses fruits violets sont comestibles, sa pulpe combat la dysenterie et ses graines torréfiées entrent dans la préparation d’un traitement antidiabétique.
Aloès « Vahombe »
Les Malgaches exploitent les vertus cicatrisantes de cette liliacée en appliquant la pulpe de ses feuilles charnues sur les brûlures.
Rauwolfia Confertiflora (Ento ou hibaka)
Ses écorces sont exportées vers l’Europe pour la préparation de spécialités pharmaceutiques à propriétés hypotensives et anesthésiantes.
Les « ombiasy » sont souvent des phytothérapeutes efficaces. A leur pratique de la médecine traditionnelle s’ajoute une dimension « magique », puisqu’ils accompagnent les cures de gestes rituels et sont censés communiqués avec les esprits, les ancêtres ou les divinités.
Un précieux réservoir écologique en danger
L’élevage extensif, les cultures sur brûlis et la déforestation font peser une lourde menace sur la flore. Certains végétaux, aux vertus thérapeutiques reconnues, sont en voie de disparition. Négliger la protection de la flore, c’est aussi hypothéquer des ressources potentielles contre les maladies qui surgissent régulièrement.